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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/326

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comme le plus atroce, est pourtant celui qui lui plaît le mieux[1] ; car, soit que le crime vienne de la vengeance, soit qu’il vienne de l’ambition ou de la lubricité, examinons-nous bien, nous verrons que cet attrait dont je parle, accompagne toujours le forfait en raison de sa violence ou de sa noirceur ; et quand la destruction de nos semblables devient l’effet de la cause, l’attrait alors n’a plus de bornes, parce que c’est à cette destruction nécessaire que ses loix gagnent le plus.

O Noirceuil ! interrompis-je, dans un état de délire inexprimable, il est certain que j’ai eu le plus grand plaisir à l’action que nous venons de faire, mais que j’en aurais eu mille fois davantage à la voir pendre…

  1. Aimable la Métrie, profond Helvétius, sage et savant Montesquieu, pourquoi donc, si pénétrés de cette vérité, n’avez-vous fait que l’indiquer dans vos livres divins ? O siècle de l’ignorance et de la tyrannie ! quel tort vous avez fait aux connaissances humaines ? et dans quel esclavage vous reteniez les plus grands génies de l’univers ? Osons donc parler aujourd’hui, puisque nous le pouvons ; et puisque nous devons la vérité aux hommes, osons la leur dévoiler toute entière.