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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/327

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Dis donc, scélérate, à la pendre de ta main… — Oh ! oui, oui, Noirceuil, je l’avoue, je décharge rien qu’en y pensant ; et tous ces plaisirs-là doublaient parce qu’elle était innocente, conviens-en, Juliette ; sans cela, l’action que nous avions commise devenait utile aux loix ; tout le délicieux de l’attrait du mal en disparaissait. Ah ! poursuivit Noirceuil, la nature nous aurait-elle donné nos passions, si elle n’avait pas su que le résultat de ces passions accomplirait ses loix ; l’homme l’a si bien senti, qu’il en a voulu faire aussi de son côté pour réprimer cette force invincible qui, le portant au crime, ne le laisserait pas subsister un moment ; mais il a fait une chose injuste, car les loix lui prennent infiniment plus qu’elles ne lui donnent ; et pour un peu qu’elles lui assurent, elles lui enlèvent étonnamment ; mais ces loix, qui ne sont que l’ouvrage des hommes, ne doivent obtenir aucune considération du philosophe : elles ne doivent jamais arrêter les mouvemens où le porte la nature ; elles ne sont faites que pour l’engager au mystère ; laissons-les nous servir d’abri, jamais de frein. Mais, mon ami, dis-je à Noirceuil, si les autres en disent autant, il n’y aura plus