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d’abri. Soit, répondit mon amant, nous redeviendrons, en ce cas, dans l’état d’incivilisation où nous a créé la nature, qui certainement, n’est pas très-malheureux. Ce sera alors au plus faible à se garantir d’une force et d’une guerre ouverte ; il verra tout ce qu’il aura à craindre, au moins, et n’en sera que plus heureux, puisqu’à présent il a de même cette guerre à soutenir, et qu’il lui est impossible de faire valoir, pour se défendre, le peu qu’il a reçu de la nature. Tous les états gagneraient à ce changement, cela est bien prouvé, et les loix ne seraient plus nécessaires. Mais, revenons[1].

Un de nos plus grands préjugés sur les matières dont il s’agit, naît de l’espèce de lien que nous supposons gratuitement entre

  1. Il n’y a rien de plaisant comme la multiplicité des loix que l’homme fait tous les jours pour se rendre heureux, tandis qu’il n’est pas une de ces loix qui ne lui enléve, au contraire, une portion de son bonheur : et pourquoi toutes ces loix ! eh, vraiment, il faut bien que des fripons s’engraissent, et que des sots soient subjugués. Voilà, d’un mot, tout le secret de la civilisation des hommes.