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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/356

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repoussé par les flétrissures qu’on lui oppose[1].

Le peu d’exemples que j’ai rapporté, suffit de faire voir, Juliette, ce que sont les vertus dont nos loix et nos religions européennes paraissent faire tant de cas, ce qu’est cet odieux fil de fraternité si préconisé par l’infâme christianisme. Tu vois s’il est ou non, dans le cœur de l’homme ; tant d’exécrations seraient-elles générales si l’existence de la vertu qu’elles contrarient, avait quelque chose de réel.

Je ne cesserai de te le dire, le sentiment de l’humanité est chimérique ; il ne peut jamais tenir aux passions, ni même aux besoins, puisque l’on voit, dans les sièges, les hommes se dévorer mutuellement. Ce n’est donc plus qu’un sentiment de faiblesse absolument étranger à la nature, fils de la crainte et du préjugé ; peut-on se dissimuler que ce ne soit la nature qui nous donne et nos

  1. Il y a tout plein de gens mal organisés que ce spectacle ferait encore mieux bander, et qui n’auraient, en le voyant, d’autres regrets que de n’y avoir point participé eux-mêmes.