Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/378

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ce qui ne l’est point, c’est que vous soyez punie pour une bagatelle comme celle qui vous a fait arrêter. Mon enfant, j’aime votre tête, vous le savez, il y a long-tems que je vous l’ai dit, et je servirai toujours ses écarts, tant qu’ils seront analogues aux miens ; ne croyez pas que ce soit ni par sentiment, ni par commisération, que je vienne briser vos fers, vous me connaissez assez pour être bien persuadée que je ne puis être mû ni par l’une, ni par l’autre de ces deux faiblesses. Je n’ai agi ici, que par égoïsme, et je vous jure, que si je bandais mieux à vous voir pendre, qu’à vous retirer, je ne balancerais pas une minute. Mais votre société me plait, j’en serais privé si vous étiez pendue ; d’ailleurs, vous aviez mérité de l’être, vous alliez l’être, et voilà des droits bien puissans sur mon ame ; je vous aimerais mieux, si vous eussiez mérité la roue… Suivez-moi, vous êtes libre… Point de reconnaissance, surtout, je l’abhorre ; et voyant que j’allais m’y livrer malgré moi… Puisqu’il en est ainsi, Juliette, reprit vivement Noirceuil, vous ne sortirez pas d’ici, que je ne vous aie prouvé l’absurdité du sentiment auquel la faiblesse de votre