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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/380

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même ; soit en imaginant que la publicité de cet acte lui établirait une réputation ; mais dans tous les cas, je ne vois que de l’égoïsme. Dites-moi donc, maintenant, ce que je dois à un homme qui n’a travaillé que pour lui ? Parvinssiez-vous à me prouver qu’il n’a eu que l’homme qu’il oblige en vue, en agissant comme il l’a fait, que son action est secrette, qu’elle n’éclatera jamais, qu’il ne peut avoir eu aucun plaisir à donner ces cent louis, puisqu’il est au contraire dérangé par ce don ; et qu’en un mot, son action est tellement désintéressée, qu’on n’y peut démêler l’égoïsme ; à cela, je vous répondrai d’abord que c’est impossible, et qu’en analisant bien l’action de ce bienfaiteur, nous y démêlerons toujours, pour son compte, quelque jouissance secrète qui en diminuera le prix ; mais qu’à supposer même que le désintéressement que vous admettez soit complet, vous ne seriez jamais dans le cas de la reconnaissance, puisque cet homme par son action, en s’élevant au dessus de vous, afflige votre orgueil, et fait, par ce procédé, ressentir des mortifications à un sentiment dont les offenses ne se pardonnent jamais. De ce moment cet homme, quelque chose