Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/386

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service, il me foutait très-mal, me coûtait fort cher, je m’en dégoûtai au point que j’ai déjà voulu le faire enfermer plusieurs fois ; nous le tenons, qu’il y reste. Quant au ministre, il veut te voir, je te donne ce soir à souper avec lui ; c’est un homme excessivement libertin… Des goûts, des fantaisies…, des passions, infiniment de vices ; je n’ai pas besoin de te recommander la plus extrême soumission, c’est la seule manière de lui prouver cette reconnaissance dont tu voulais à tort, répandre les effets sur moi… Mon ame se moule sur la tienne, Noirceuil, dis-je avec sang froid, je ne te remercie point dès que tu me prouves que tu n’as agi que pour toi, et il me semble que je t’aimerai beaucoup davantage, n’étant obligée de te rien devoir : quant à la soumission que tu me demandes, elle sera entière ; dispose de moi, je t’appartiens ; comme femme je me mets à ma place, je sais que la dépendance est mon lot… Non pas absolument, me dit Noirceuil, l’aisance dont tu jouis, ton esprit et ton caractère te sortent absolument de cet esclavage. Je n’y soumets que les femmes épouses, ou les putains, et en cela je suis les loix de la nature qui, comme tu le vois,