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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/73

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peut vouloir et ne pas vouloir, si la même chose peut lui plaire et lui déplaire, s’il ne change pas de sentiment, si la loi par laquelle il se conduit est immuable ; si c’est elle qui le conduit, il ne fait que l’exécuter, de ce moment il n’a aucune puissance ; cette loi nécessaire qu’est-elle alors elle-même ? est-elle distincte de lui ou inhérente à lui ? Si, au contraire, cet être peut changer de sentiment et de volonté, je demande pourquoi il en change ; assurément il lui faut un motif, et un bien plus raisonnable que ceux qui nous déterminent, car Dieu doit l’emporter sur nous en sagesse, comme il nous surpasse en prudence ; or, ce motif peut-il s’imaginer, sans altérer la perfection de l’être qui y cède. Je vais plus loin ; si Dieu sait d’avance qu’il changera de volonté, pourquoi, dès qu’il peut tout, n’a-t-il pas arrangé les circonstances de manière à ce que cette mutation toujours fatiguante, et prouvant toujours de la faiblesse, ne lui devint nullement nécessaire ; et s’il l’ignore, qu’est-ce qu’un, Dieu qui ne prévoit pas ce qu’il doit faire ? S’il le prévoit, et qu’il ne puisse se tromper, comme il faut le croire, pour avoir de lui une idée convenable, il est donc arrêté