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indépendamment de sa volonté, qu’il agira de telle ou telle façon : or, qu’est-elle cette loi que sa volonté suit ! où est-elle ! d’où tire-t-elle sa force ?

Si votre Dieu n’est pas libre, s’il est déterminé à agir en conséquence des loix qui le maîtrisent, alors c’est une force semblable au destin, à la fortune, que des vœux ne toucheront point, que des prières ne fléchiront nullement, que des offrandes n’appaiseront pas davantage, et qu’il vaut mieux mépriser éternellement, qu’implorer avec aussi peu de succès.

Mais si plus dangereux, plus méchant, et plus féroce encore, votre exécrable Dieu a caché aux hommes ce qui devenait nécessaire à leur bonheur, son projet n’était donc pas de les rendre heureux, il ne les aime donc pas ; il n’est donc alors ni juste ni bienfaisant. Il me semble qu’un Dieu ne doit rien vouloir que de possible, et il ne l’est pas, que l’homme observe des loix qui le tyrannisent, ou qui lui sont inconnues.

Ce vilain Dieu fait encore plus ; il hait l’homme pour avoir ignoré ce qu’on ne lui a point appris ; il le punit, pour avoir transgressé une loi inconnue, pour avoir suivi