Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/76

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pu être annoncées, il est injuste ; s’il ne peut les en instruire, il est impuissant.

Il est certain que la révélation des loix de l’Éternel doit porter des caractères qui prouvent le Dieu dont elles émanent ; or, de toutes les révélations qui nous sont parvenues, je demande laquelle porte ce caractère aussi évident qu’indispensable ? C’est donc par la religion même que se détruit le Dieu qu’annonce la religion ; or, que deviendra cette religion, quand le Dieu qu’elle établit, n’aura plus d’existence que dans la tête des sots.

Que les connaissances humaines soient réelles ou fausses, peu importe au bonheur de la vie ; il n’en est pas de même en matière de religion. Lorsque les hommes ont une fois réalisé les objets imaginaires qu’elle présente, ils se passionnent pour ces objets. Ils se persuadent que ces fantômes qui voltigent dans leur esprit existent réellement, et de ce moment rien ne peut plus les retenir. Chaque jour nouveaux sujets de trembler ; tels sont les uniques effets produits en nous par l’idée dangereuse d’un Dieu ; c’est cette idée seule qui cause les maux les plus cuisans de la vie de l’homme : c’est elle qui