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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/77

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le contraint à la privation des plus doux plaisirs de la vie, dans la frayeur de déplaire à ce fruit dégoûtant de son imagination en délire. Il faut donc, mon aimable amie, se délivrer le plutôt possible des terreurs que cette chimère inspire ; et pour cela, sans doute, il ne faut que porter la faulx sur l’idole, il ne faut que la pulvériser d’un bras ferme.

L’idée que les prêtres veulent nous donner de la divinité, n’est autre chose que celle d’une cause universelle, et de laquelle toutes les autres sont des effets. Les imbécilles auxquels ces imposteurs se sont adressés, ont cru qu’une telle cause existait… pouvait exister séparément des effets particuliers qu’elle produit, comme si les modalités d’un corps pouvaient être séparées de ce corps, comme si la blancheur étant une des qualités de la neige, il était possible de séparer d’elle cette qualité. Les modifications quittent-elles les corps qu’elles modifient ? Eh bien ! votre Dieu n’est qu’une modification de la matière perpétuellement en action par son essence : cette action que vous croyez pouvoir en séparer, cette énergie de la matière, voilà votre Dieu ; examinez maintenant, sots ado-