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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/93

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venons qu’ils sont au moins de la plus grande nécessité pour ceux qui se sont chargés d’en infecter l’opinion publique[1].

Mais, objectai-je à madame Delbène, le dogme de l’immortalité de l’ame n’est-il pas consolant pour les malheureux ? Quand ce serait une illusion, n’est-elle pas douce, n’est-elle pas agréable, n’est-ce pas un bien pour l’homme, que de croire qu’il pourra se survivre à lui-même et jouir quelque jour au ciel d’un bonheur qui lui est refusé sur la terre ?

En vérité, me répondit mon amie, je ne vois pas que le desir de tranquilliser quelques malheureux imbécilles, vaille la peine d’empoisonner des millions d’honnêtes gens ; est-il raisonnable d’ailleurs de faire de ses souhaits la mesure de la vérité ? Ayez un peu plus de courage, consentez à la loi générale, résignez-vous à l’ordre du destin dont les

  1. Vivraient-ils sans ces grands moyens ? Deux seules classes d’individus doivent adopter les systêmes religieux ; d’abord celle qu’engraissent ces absurdités, et celle des imbécilles qui croient éternellement tout ce qu’on leur dit, sans jamais rien approfondir ; mais, je défie qu’aucun être raisonnable et spirituel puisse affirmer qu’il croit de bonne foi aux atrocités religieuses.