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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/101

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j’eus voulu voir son corps dévoré par les couleuvres dont il empoisonna mes jours ; et, comme pour s’étourdir, le libertin se mit tout de suite à l’ouvrage, mes trois pucelles furent inventoriées ; la critique la plus amère ne pouvait mordre sur celles-là ; taille, naissance, prémices, enfance, tout s’y trouvait ; mais je m’apperçus que les deux amis ne bandaient pas plus l’un que l’autre, et rien ne plait à la satiété ; je vis bien qu’ils n’étaient pas contens, et que néanmoins ils n’osaient se plaindre ; indiquez-moi donc ce qu’il vous faut, si ces objets ne vous satisfont pas, leur dis-je, car vous avouerez qu’il m’est impossible de deviner ce qui peut valoir mieux que cela. Rien de plus vrai, répondit Saint-Fond, qui se faisait inutilement manier par deux de ces petites filles ; mais Noirceuil et moi sommes épuisés, nous venons de faire des horreurs, et je ne sais ce qu’il faudrait pour nous réveiller maintenant. Ah ! si vous me racontiez vos prouesses, peut-être retrouveriez-vous dans le détail de ces infamies, les forces nécessaires à en commettre de nouvelles. Je le crois, dit Noirceuil ; eh bien, faites déshabiller, dit Saint-Fond ; que Juliette soit nue