Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/110

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

times ; il en est qui n’éprouveraient pas même l’érection la plus légère, s’ils ne considéraient, dans les angoisses de la douleur la plus violente, le triste objet vendu, à leur lubrique fureur, s’ils n’étaient pas eux-mêmes les premières causes de ces angoisses. On veut faire éprouver à ses nerfs une commotion violente ; on sent bien que celle de la douleur sera plus forte que celle du plaisir ; on l’emploie, et l’on s’en trouve bien ; mais la beauté m’objecte un imbécille, attendrit, intéresse ; elle invite à la douceur, au pardon : comment résister aux larmes d’une jolie fille, qui, les mains jointes implore son bourreau ? Eh ! vraiment, c’est ce qu’on demande, c’est de cet état même que le libertin dont il est question, tire sa plus délicieuse jouissance ; il serait bien à plaindre, s’il agissait sur un être inerte, qui ne sentit rien ; et cette objection est aussi ridicule, que le serait celle d’un homme qui m’assurerait qu’on ne doit jamais manger de mouton, parce que le mouton est un animal doux. La passion de la luxure veut être servie, elle exige, elle tyrannise, elle doit donc être satisfaite, abstraction totale de toute considération quelconque ; la beauté,