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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/168

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avec Clairwil. Il faut essayer de tout ce qui est vice ; je ne connais d’ennuyeux que la vertu. Tu seras là parfaitement branlée, délicieusement foutue ; on ne te nourrira que d’excellens principes ; je te conseille donc de t’y faire admettre au plutôt. Il me demanda ensuite si ma nouvelle amie était entrée dans quelques détails sur ses aventures. Non, dis-je. À quelque point que tu sois philosophe, reprit Noirceuil, elle t’aurait assurément scandalisée. C’est un vrai modèle de luxure, de cruauté, de débauche et d’athéïsme : il n’est aucune horreur, aucune exécration dont elle ne se soit souillée : son crédit et ses grandes richesses lui ont toujours sauvé l’échafaud ; mais elle l’a mérité vingt fois ; c’est, en un mot, par ses actions journalières, qu’on pourrait supputer ses crimes, et le nombre des supplices qu’elle a mérité, s’évaluerait par celui des jours de son existence. Saint-Fond l’aime beaucoup : cependant, je sais qu’il te préfère à plus d’un titre : continue donc, Juliette, de mériter la confiance d’un homme qui a dans ses mains le bonheur et le malheur de ta vie. Je convainquis Noirceuil des efforts que je ferais toujours pour cela, il venait me prendre pour