Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/177

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aussitôt sur cet infortuné, l’entraînent, à mes yeux, dans le plus abominable cachot. Oh ! madame, quelle trahison ! quelle horreur ! s’écrie cette malheureuse dupe de la fausseté de Saint-Fond et de la mienne ; mais ferme… mais impassible à ses gémissemens, je porte une l’aveugle obéissance aux ordres du ministre, au point de l’enfermer moi-même, sans vouloir répondre un seul mot à toutes les questions dont il m’accable.

À peine étais-je de retour dans mon salon, qu’une voiture entra dans la cour ; c’étaient la femme et la fille de ces malheureux, m’apportant de bonne-foi, comme lui, des lettres, qui contenaient absolument les mêmes ordres ; Saint-Fond, me dis-je, en voyant ces deux femmes, en admirant la beauté de la mère, à peine âgée de trente-six ans, les grâces et la gentillesse de la fille, atteignant au plus, sa seizième année, ah ! Saint-Fond, ta maudite et scélérate lubricité n’entrerait-elle pas pour beaucoup dans cette exécution ministérielle ? et n’aurais-tu pas ici, comme dans toutes les actions de ta vie, bien plutôt les vices pour guide, que les intérêts de ta patrie ?

Je vous rendrais difficilement les cris et