Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/179

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mains qui vous captivèrent à mes feux la première fois que je m’amusai de vous chez moi. Il va devenir le principal acteur de la scène sanglante qui doit se jouer demain. C’est en un mot, le bourreau de Nantes, venu par mes ordres, pour l’exécution des trois personnes qui sont maintenant sous vos clefs : obligé de porter après-demain ces trois têtes à la reine, sous peine de perdre ma place, vous comprenez que je me serais bien chargé tout seul de l’exécution, si sa majesté n’eût témoigné le plus ardent desir de les recevoir de la main même d’un bourreau. C’est à cause de cela qu’on n’a pas voulu de celui de Paris ; celui-ci ignore le motif qui l’amène dans votre maison. Vous pouvez maintenant l’instruire, mais ne lui faites point voir les victimes, cette clause est essentielle ; j’arriverai demain matin sans faute. Traitez vos prisonniers et les femmes surtout, avec la plus extrême rigueur ; qu’ils n’ayent que du pain… de l’eau et point de jour. »

Monsieur, dis-je à ce personnage, le ministre a raison de dire dans sa lettre que nous nous connaissons, vous m’avez un jour