Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/185

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il résulte delà que nous égorgeons nos semblables avec la même facilité qu’un boucher tue un veau, et sans y faire plus de réflexions. — Mais ce que vous vous permettez pour l’exécution de la loi, vous vous le permettriez donc également pour la satisfaction de vos penchans ? — Certainement, madame ; dès que le préjugé n’existe plus dans nous, et que nous ne croyons aucun mal au meurtre. — Comment peut-on n’en pas supposer à la destruction de ses semblables. — Je vous demanderai à mon tour, madame, comment il est possible d’en soupçonner à cette action ; si l’une des premières loix de la nature n’était pas la destruction de tous les êtres, assurément je pourrais croire qu’on outrage cette nature inintelligible, en procédant à cette destruction. Mais dès qu’il n’existe pas un seul procédé de la nature qui ne nous prouve que la destruction lui est nécessaire, et qu’elle ne parvient à créer qu’à force de détruire, assurément tout être qui se livrera à la destruction, n’aura fait qu’imiter la nature. Je dis plus, celui qui s’y refuserait, l’offenserait grièvement ; et si comme on n’en