Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/187

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sur elles ; mais achevez, je vous prie mon cher, de jeter sur-tout ceci la masse de lumière qu’il vous est possible d’y répandre. N’est-il pas vrai que ce n’est qu’avec les secours du libertinage que vous parvenez à vaincre la nature, ou plutôt le préjugé ; car vous venez de me prouver clairement, que la nature était bien plutôt servie qu’outragée par le meurtre. — Que voulez-vous dire madame ? — Je vous demande s’il n’est pas très-certain, ainsi que je l’ai ouï dire, que ce n’est qu’en vous montant la tête au libertinage, que vous parvenez à vous étourdir sur les meurtres que votre métier vous oblige à faire ; en un mot, s’il n’est pas vrai que vous bandez toujours en l’exécutant ? — Il est certain, madame, que le libertinage porte au meurtre ; il est constant qu’un individu blasé, doit retrouver ses forces dans cette manière de commettre, ce que les sots appellent un crime : et cela, parce qu’en doublant sur nos nerfs la somme des commotions produites dans un individu quelconque, au même sens qui nous agite le plus fortement, nous devons nécessairement retrouver les forces que nous ont fait perdre les excès. Le meurtre est donc bien réelle-