Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/189

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sances ; au lieu que l’énergie des autres, une fois éteinte, on est souvent dévoré de regrets, lorsque les principes sur-tout ne sont pas bien établis ; et il serait bien facile de ne se jamais porter à cette action, sans y être excité par libertinage. Il me semble qu’on pourrait tuer dans quelque vue que ce puisse être, mais toujours en bandant, et cela pour mieux consolider l’action, pour s’empêcher d’être molesté par le grand remords, qui n’atteint jamais le libertinage… et qui jamais n’est vengé par lui. En ce cas, dit Delcour, vous croyez donc que toutes les passions peuvent s’accroître ou s’alimenter par celle de la luxure ? — Elle est aux passions ce que le fluide nerval est à la vie ; elle les soutient toutes ; elle leur prête de la force à toutes : la preuve en est qu’un homme sans couilles, n’aurait jamais de passions. — Ainsi, vous imaginez qu’on peut être ambitieux, cruel, avare, vindicatif, dans les mêmes motifs que ceux de la luxure. — Oui, je suis persuadée que toutes ces passions font bander, et qu’une tête vive et bien organisée, peut s’échauffer de toutes, comme elle le ferait de la luxure. Je ne vous dis rien ici que je n’aie éprouvé ;