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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/206

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t-on, l’un méritait des autels, et l’autre des bûchers. Soit, si vous le voulez ; ce n’est pas de l’effet de leur ame sur les autres que je juge, c’est des sensations intérieures que l’un et l’autre ont dû recevoir, en raison des différens penchans dont l’un et l’autre étaient doués… des différentes vibrations dont ils étaient mus ; et dans ce sens l’homme le la terre le plus heureux incontestablement, sera celui qui, n’importe par quelle action, aura fait passer à son ame les secousses les plus violentes qu’elle puisse recevoir ; et comme les secousses du vice sont plus fortes, plus énergiques que celles de la vertu, inévitablement l’homme le plus heureux de la terre sera celui qui sera le plus adonné aux plus infâmes, aux plus crapuleuses, aux plus criminelles habitudes, et qui les renouvellera le plus souvent… qui, chaque jour, les doublera, les triplera de force.

Le plus grand service qu’on peut rendre à une jeune personne, répondis-je à ce discours, serait donc d’éteindre en elle toutes les semences de vertu que la nature ou l’éducation y aurait fortement fait naître. Assurément, me répondit Saint-Fond ; car