Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/288

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suis-je… expliquez-moi ? — Vous êtes chez le ministre, votre oncle, votre ami ; c’est dans ses mains qu’est votre affaire, et vous savez à quel point est grave celle qui vous compromet ; soyez soumise et complaisante, monseigneur peut tout arranger. — Et Dormon a pu se soumettre… — Ah ! répondit le malheureux jeune homme, je suis, comme toi, victime de la force ; mais si le jour du déshonneur luit aujourd’hui pour nous, celui de la vengeance nous consolera peut-être bientôt. Laissons là l’héroïsme, jeune homme, dit Saint-Fond, en appuyant une vigoureuse claque sur les fesses découvertes de ce beau parleur, et que cette éloquence incendiaire s’employe plutôt à déterminer votre maîtresse à tous mes caprices… et ils seront violens vis-à-vis d’elle… je la mènerai mal. Ici deux ruisseaux de larmes jaillissent des superbes yeux de Faustine, de profonds gémissemens se font entendre ; le cruel Saint-Fond, son vit à la main, vient la regarder sous le nez. Oh ! foutre, s’écria-t-il, voilà comme j’aime les femmes… que ne puis-je d’un mot les réduire toutes en cet état ! Pleurez, mignone, pleurez… tenez, pleurez sur mon vit ; mais ne perdez