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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/327

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ne sera-t-il pas infiniment plus dangereux qu’utile d’étayer la morale sur elle ; et n’y a-t-il pas à parier qu’elle nuira plus qu’elle ne fera de bien, dès que l’homme après l’avoir appréciée, se livrera au mal, parce qu’il l’aura reconnue fausse ; ne vaudrait-il pas cent fois mieux qu’il n’eut pas du tout de freins que d’en avoir un qu’il rompt avec tant de facilité ; dans le premier cas, l’idée du mal ne lui serait peut-être pas venue, elle lui viendra dans celui du brisement de frein, parce qu’il existe alors un plaisir de plus, et que la perversité de l’homme est telle, qu’il ne chérit et ne se livre jamais plus volontiers au mal que quand il croit trouver un obstacle à s’y abandonner ;

Ceux qui ont attentivement réfléchi sur la nature de l’homme, seront forcés de convenir que tous les dangers… tous les maux, quelques grands qu’ils puissent être, perdent beaucoup de leur pouvoir, lorsqu’ils sont éloignés, et paraissent moins à craindre que les petits, lorsqu’ils sont sous nos yeux. Il est évident que les châtimens prochains sont bien plus efficaces et bien plus propres à détourner du crime, que les châtimens à venir. À l’égard des fautes sur lesquelles les