Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/348

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certes, jamais les payens n’ont cru à l’éternité des peines de l’autre vie ; ils n’ont jamais admis la fable pitoyable de la résurrection des corps, et voilà pourquoi ils les brûlaient, et conservaient leurs cendres dans des urnes ; ils croyaient à la métempsycose, à la transmigration des corps, opinion très-vraisemblable, et dans laquelle nous confirment toutes les études de la nature ; mais jamais les payens ne crurent à la résurrection ; cette idée absurde appartient toute entière au christianisme, et certes elle était bien digne de lui ; il paraît constant que c’est dans Platon et dans Virgile que nos docteurs ont puisé les notions des enfers, du paradis et du purgatoire, qu’ils ont ensuite arrangées à leur manière : avec le tems, les rêveries informes de l’imagination des poëtes se sont changées en article de foi.

3°. La saine raison prouve le dogme de l’enfer et de l’éternité des peines. Dieu est juste, il doit donc punir les crimes des hommes… Eh ! non, non, jamais la saine raison ne put admettre un dogme qui l’outrage aussi sensiblement.

4°. Mais la justice de Dieu y est compromise… Autre atrocité : le mal est nécessaire