Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/349

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sur la terre ; il est donc de la justice de votre Dieu, s’il existe, de ne pas punir ce que lui-même a prescrit ; s’il est tout-puissant, votre Dieu, avait-il besoin de punir le mal pour l’empêcher ? ne pouvait-il pas l’extirper totalement de chez les hommes ? s’il ne l’a pas fait, c’est qu’il l’a cru essentiel au maintien de l’équilibre ; et d’après cela, comment, vils blasphémateurs ! pouvez-vous dire que Dieu puisse punir un mode essentiel aux loix de l’univers ?

5°. Tous les théologiens s’accordent à croire et à prêcher les peines de l’enfer… Cela prouve-t-il autre chose, si non que les prêtres, si désunis entr’eux, s’entendent cependant toutes les fois qu’il s’agit de tromper les hommes. Et d’ailleurs, les rêveries ambitieuses et intéressées des prêtres romains doivent-elles fixer les opinions des autres sectes ? Est-il raisonnable d’exiger que tous les hommes croyent à ce qu’il a plu au plus méprisable et au plus petit nombre d’entre eux d’inventer ; faut-il donc plutôt s’en rapporter à ces fourbes qu’à la raison, au bon bons sens et à la vérité ? c’est la vérité qu’il faut suivre, et non la multitude ; il faudrait bien plutôt s’en rapporter à un seul homme