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que l’être absolument et entièrement vicieux, et par conséquent comme plutôt englobé par les mollécules malfaisantes, auxquelles sa dissolution élémentaire le réunira, souffrira beaucoup davantage : et voilà ce qui doit engager tous les hommes à se rendre en ce monde les plus vicieux, les plus méchans possibles ; afin que plus semblables aux mollécules où ils doivent se rejoindre un jour, ils aient dans cet acte de réunion, infiniment moins à souffrir de leur poids sur eux. La fourmi tombant dans un tourbillon d’animaux, qui de son énergie écraserait tout ce qui se joindrait à lui, aurait, par le peu de défense qu’elle opposerait, infiniment plus à souffrir de cette réunion, que ne le ferait un gros animal, qui pouvant opposer plus de prise, ne serait entraîné qu’avec plus de mollesse. Plus l’homme aura manifesté de vices et de forfaits en ce monde, plus il se sera rapproché de son invariable fin, qui est la méchanceté ; moins il aura par conséquent à souffrir, en s’unissant au foyer de la méchanceté, que je regarde comme la matière première de la composition du monde. Que l’homme se garde donc bien de la vertu, s’il