Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/363

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ne veut pas être exposé à des maux affreux ; car, la vertu étant le mode opposé au systême du monde, tous ceux qui l’auront admise, sont sûrs d’endurer, après cette vie, d’incroyables supplices, par la peine qu’ils auront à rentrer dans le sein du mal… auteur et régénérateur de tout ce que nous voyons.

Quand vous avez vu que tout était vicieux et criminel sur la terre, leur dira l’Être suprême en méchanceté, pourquoi vous êtes-vous égaré dans les sentiers de la vertu ; vous annonçai-je par quelque chose, que ce mode fût fait pour m’être agréable. Et les malheurs perpétuels dont je couvrais l’univers ne devaient-ils pas vous convaincre que je n’aimais que le désordre, et qu’il fallait m’imiter pour me plaire. Ne vous donnai-je pas chaque jour l’exemple de la destruction ; pourquoi ne détruisiez-vous pas ? Les fléaux dont j’écrasais le monde, en vous prouvant que le mal était toute ma joie, ne devaient-ils pas vous engager à servir mes plans par le mal. On vous disait que l’humanité devait me satisfaire ; et quel est-il donc l’acte de ma conduite où vous m’ayez vu bienfaisant ? Est-ce en