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tront moins irrégulières que celles que vous avez exposées. Ton systême, dit Clairwil, ne prend sa source que dans la profonde horreur que tu as pour Dieu. — Cela est vrai, je l’abhorre ; mais la haîne que j’ai pour lui, n’a point enfanté mon systême ; il n’est le fruit que de ma sagesse et de mes réflexions. J’aime mieux, dit Clairwil, ne pas croire en Dieu que m’en forger un pour le haïr. Qu’en pense Juliette ? Profondément athée, répondis-je, ennemie capitale du dogme de l’immortalité de l’ame, je préférerai toujours ton systême à celui de Saint-Fond ; et j’aime mieux la certitude du néant que la crainte d’une éternité de douleurs. Et voilà, dit Saint-Fond, toujours ce perfide égoïsme, qui devient la cause de toutes les erreurs des hommes. On arrange ses plans, d’après ses goûts, ses caprices, et toujours en s’éloignant de la vérité. Il faut laisser là les passions quand on examine un systême de philosophie. Ah ? Saint-Fond, dit Clairwil, comme il serait aisé de faire voir que le tien n’est le fruit que de ces passions auxquelles tu veux que l’on renonce, en étudiant. Avec moins de cruauté dans le cœur, tes dogmes seraient moins sanguinaires ; et tu aimes