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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/372

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dit à l’enfant de se mettre au lit, et de ne pas s’endormir sur-tout, que nous ne l’eussions rejoint, il me fit passer dans son boudoir.

Juliette, me dit-il, il faut que je t’instruise des particularités d’une affaire dont Noirceuil lui-même n’est pas très au fait. La marquise de Rose, l’une des plus belles femmes de la cour, fut autrefois ma maîtresse, et l’enfant que tu vois ici m’appartient : il y a deux ans que je suis amoureux de ce jeune homme, sans que jamais la comtesse ait voulu consentir à me le livrer ; mon crédit n’étant pas encore bien assis, je ne voulus rien risquer ; mais voyant dernièrement ma faveur s’élever sur les débris de la sienne, je n’ai plus balancé à la rendre suspecte pour me venger, et d’avoir joui d’elle, et de s’être opposé à ce que je jouisse de son fils ; tu vois qu’elle a peur maintenant, elle me l’envoye, en vérité, dans un moment où, après avoir beaucoup déchargé pour lui depuis dix-huit mois, je ne m’en soucie plus que très-médiocrement ; cependant, comme il y a d’assez jolies branches de crimes dans toute cette aventure, je vais les cueillir et m’amuser. Premièrement, je