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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/47

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Homme adorable ! m’écriai-je, vos principes me tournent la tête ; je vous ai laissé voir de l’intérêt, croyez donc au goût, maintenant, et persuadez-vous, je vous en conjure, que ce sera plutôt mille fois par idolatrie pour vos plaisirs, que par aucun autre motif, que je les servirai avec tant de zèle. Je le crois, dit Saint-Fond, je vous ai vue à l’épreuve. Eh ! comment n’aimeriez-vous pas ; mes passions, ce sont les plus délicieuses qui puissent naître au cœur de l’homme ; et celui qui peut dire : aucun préjugé ne m’arrête, je les ai tous vaincus ; et voici, d’un côté, le crédit qui légitime toutes mes actions, et de l’autre les richesses nécessaires à les assaisonner de tous les crimes ; celui-là, dis-je, n’en doutez pas, Juliette, est le plus heureux de tous les êtres… Ah ! ceci me fait souvenir, madame, du brevet d’impunité que vous promit d’Albert, la dernière fois que nous soupâmes ensemble ; le voilà, mais c’est à moi que le chancelier vient de l’accorder ce matin, et non pas à d’Albert,

    l’ancien régime ; nous ne les avons pas promis beaux, mais vrais ; nous tenons parole.