Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 6, 1797.djvu/84

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couler !… Enfin, Juliette, vous vous conservez ici un homme, qui, je le pense, vous fait jouir d’un état assez florissant ; vous augmentez la fortune de celui qui fait la vôtre ; je demande si vous devez balancer.

Noirceuil, dis-je effrontément, qui vous a dit que je balançais ? Un mouvement involontaire a pu m’échapper ; je suis jeune, je débute dans la carrière où vous m’entraînez ; quelques faibles retours doivent-ils donc étonner mes maîtres ? Mais ils verront bientôt, si je suis digne d’eux. Que Saint-Fond se hâte de m’envoyer son père, il est mort deux heures après son entrée chez moi. Mais, mon cher, il est trois classes de poisons dans la cassette que m’a confiée votre ami ; quel est celui dont je dois me servir ? Le plus cruel de tous, celui qui fait souffrir davantage, dit Noirceuil, c’est encore une recommandation que je suis chargé de te faire ; Saint-Fond veut qu’en mourant, son père soit puni des affreuses intrigues qu’il a employées pour le desservir, il veut que ses douleurs soient épouvantables. Je le conçois, répondis-je, dites-lui qu’il sera satisfait ; et comment la chose se passera-t-elle ? Le voici, dit Noirceuil.