Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/284

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plus simple ; mais en même temps la plus élégante, et point de parfums. Braschi, comme Henri IV, m’écrivait le cardinal, veut que chaque chose sente ce qu’elle doit sentir ; il a l’art en horreur, et tient à la nature. Il est donc essentiel de vous abstenir même du bidet : obéissante dans tous les points, je fus avant dix heures du matin, toute prête, au palais Bernis. C’était au Vatican que Pie nous attendait. Saint-Père, lui dit Bernis, en me présentant ; voici la jeune française que vous avez desirée : singulièrement honorée de la faveur que vous lui faites, elle vous promet de se prêter aveuglément à tout ce qu’il plaira à votre sainteté de lui ordonner. Elle ne se repentira point de ses complaisances, dit Braschi. Avant que de nous livrer aux impuretés dont il s’agit, je suis bien aise de la voir un peu seule… Sortez cardinal, et dites aux Cammerières que les portes aujourd’hui seront fermées pour tout le monde. Bernis se retire, et sa sainteté me conduisant par la main, m’introduit dans d’immenses appartemens, jusqu’en un cabinet solitaire, où le luxe et la mollesse, sous les brunes couleurs de la religion et de la modestie,