Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 9, 1797.djvu/223

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objets, me paraissent valoir beaucoup d’argent. Nous allons bientôt les apprécier, madame, me répondit Carle-Son qui avait déjà deviné mes yeux ; ce qu’il y a bien de sûr, c’est que je crois qu’il est bien peu de voluptés qui vaillent celles que j’attends de vous… Vous croyez, répondis-je en serrant la main de cet aimable garçon ? Je le gage, madame, me dit Carle-Son, en m’appuyant sur la bouche un baiser, avant-coureur de son savoir faire ; oui, je le gage, et je suis prêt à vous en donner la preuve. Dînons, dînons, dit le capitaine… En famille, dit le lieutenant ? Assurément, dit madame de Clairwil ; je veux les voir là, avant de les placer ailleurs. Les ordres se donnent, et l’on sert le dîner le plus magnifique. Carle-Son près de moi, s’y montra très-envieux de me posséder, et j’avoue que je ne lui cédais en rien sur cet objet. Ses enfans y furent timides… embarrassés… son épouse larmoyante et belle ; tout le reste gai, et fort libertin. Allons, dit Borchamps, en désignant Carle-Son et moi ; ne faisons pas languir plus long-tems ces deux amoureux ; je vois qu’ils brûlent d’être ensemble. Oui, dit Borghèse ; mais il faut que la scène soit publique. Elle a rai-