Page:Sade - Les 120 Journées de Sodome, éd. Dühren, 1904.djvu/299

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taine de l’enfant que j’avais vendu, il m’assurait aussi celle de 60 mille francs qui m’avaient été comptés pour lui. Quant à la petite fille, le marquis m’avait dit vrai, jamais je n’en entendis parler, et ce sera vraisemblablement md. Desgranges qui vous finira son histoire. Il est temps de vous ramener à la mienne et aux événements journaliers qui peuvent vous offrir les détails voluptueux dont nous avons entamé la liste.“ — „Oh, parbleu,“ dit Curval, „j’aime ta prudence à la folie, il y a là une scélératesse réfléchie, un ordre qui me plaît, on ne saurait davantage, et la taquinerie d’ailleurs, d’avoir169) donné le dernier coup à une victime que tu n’avais encore qu’accidentellement écorchée me paraît un raffinement d’infamie qui peut se placer à côté de nos chef-d’œuvres.“ „Moi j’aurais peut-être fait pis,“ dit Durcet, „car enfin ces gens-là pouvaient obtenir la délivrance, il y a tant de sots dans le monde qui ne songent qu’à soulager ces gens-là, pendant tout le temps de leur vie, c’étaient des inquiétudes pour toi.“ — „Non,“ reprit la Duclos, „quand on n’a pas dans le monde le crédit que vous y avez, et que pour ses coquineries il faut employer des gens en son ordre, la circonspection devient souvent nécessaire, et l’on n’ose pas alors tout ce que l’on voudrait bien faire.“ — „C’est juste, c’est juste,“ dit le duc. „Elle ne pouvait en faire davantage.“ Et cette aimable créature reprit ainsi la suite de sa narration : „Il est affreux,“ dit cette belle fille, d’avoir encore à vous entretenir de turpitudes semblables à celles dont je vous parle depuis, plusieurs jours, mais [vous] avez exigé que [je] réunisse tout ce qui pouvait y avoir trait, et que je ne laisse rien sous le