Page:Sade - Les 120 Journées de Sodome, éd. Dühren, 1904.djvu/72

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narrations des historiennes, c’était pour ainsi dire là le champ de bataille des combats projetés, le chef lieu des assemblées lubriques, et comme il avait été orné en conséquence, il mérite une petite description particulière. Il était d’une forme demi-circulaire ; dans la partie ceintrée se trouvaient quatre niches de glaces fort vastes et ornée chacune d’une excellente ottomane, ces quatre niches par leur construction faisaient absolument face au diamètre qui coupait le cercle, un trône élevé de quatre pieds était adossé au mur formant le diamètre, il était pour l’historienne, position qui la plaça non seulement bien en face des quatre niches destinées à ses auditeurs, mais qui même, vu que le cercle était petit ne l’éloignant point trop d’eux, les mettaient à même de ne pas perdre un mot de sa narration ; car elle se trouvait alors placée comme est l’acteur sur un théâtre et les auditeurs placés dans les niches se trouvaient l’être comme on l’est à l’amphithéâtre. Au bas du trône étaient des gradins sur lesquels devaient se trouver les sujets de débauche amenés pour servir à calmer l’irritation des sens produite par les récits, ces gradins ainsi que le trône étaient recouverts de tapis de velours noirs garnis de franches d’or, et les niches étaient meublées d’une étoffe pareille et également enrichie, mais de couleur bleu foncée. À chaque pied des niches, était une petite porte donnant dans une garderobe adjacente49) à la niche et destinée à faire passer les sujets qu’on désirait et que l’on faisait venir des gardins dans le cas où l’on ne voulut pas exécuter devant tout le monde la volupté pour l’exécution de laquelle on appellait ce sujet. La garderobe était munie de canapés, et de tous