Page:Sade - Les Crimes de l’amour, 1881.djvu/155

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ction avec moi-même, ajoute le pédagogue Villeterque, quand je fais parler un de mes héros d’une manière opposée à celle dont j’ai parlé dans ma préface. Mais, détestable ignorant, apprends donc que chaque acteur d’un ouvrage dramatique doit y parler le langage établi par le caractère qu’il porte ; qu’alors c’est le personnage qui parle et non l’auteur, et qu’il est on ne saurait plus simple dans ce cas que ce personnage, absolument inspiré par son rôle, dise des choses totalement contraires à ce que dit l’auteur quand c’est lui-même qui parle. Certes, quel homme eût été Crébillon s’il eût toujours parlé comme Artée ; quel individu que Racine, s’il eût pensé comme Néron ; quel monstre que Richardson, s’il n’eût eu d’autres principes que ceux de Lovelace ! Oh ! monsieur Villeterque, que vous êtes bête ; voilà, par exemple, une vérité sur laquelle les personnages de mes romans et moi, nous nous entendrons toujours, quand il nous arrivera soit aux uns, soit aux autres, de nous entretenir de votre fastidieuse existence. Mais quelle faiblesse de ma part ! dois-je donc employer des raisons où il ne faut que du