Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/11

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

cultes ; à peine les hommes eurent-ils soupçonné des êtres immortels, qu’ils les firent agir et parler ; dès lors, voilà des métamorphoses, des fables, des paraboles, des romans ; en un mot voilà des ouvrages de fictions, dès que la fiction s’empare de l’esprit des hommes. Voilà des livres fabuleux, dès qu’il est question de chimères : quand les peuples, d’abord guidés par des prêtres, après s’être égorgés pour leurs fantastiques divinités, s’arment enfin pour leur roi ou pour leur patrie, l’hommage offert à l’héroïsme, balance celui de la superstition, non seulement on met, très-sagement alors, les héros à la place des Dieux, mais on chante les enfans de Mars comme on avait célébré ceux du ciel ; on ajoute aux grandes actions de leur vie, ou, las de s’entretenir d’eux, on crée des personnages qui leur ressemblent… qui les surpassent, et bientôt de nouveaux romans paraissent, plus vraisemblables sans doute, et bien plus