Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/130

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monsieur, et vous renouvelle ma parole de vous dévoiler les choses les plus importantes, quand vous aurez rendu à Juliette le plus cher objet de ses desirs. — Il n’est pas mal-aisé de voir qu’elle seule vous occupe ici. — Oui, je l’adore, je ne m’en cache pas, monsieur ; mais est-ce à l’obtenir que je travaille, et ce que j’entreprends, poursuivit Raunai, en lançant sur monsieur de Guise un regard énergique, ce que je vous propose enfin, peut-il effrayer mes rivaux ? Mon dessein est de lui rendre un père…, un père innocent et qu’elle aime, je vous offre à ce prix l’aveu du secret qui vous intéresse, et vous avez ma vie si je vous en impose. Raunai, vous aimez Juliette, dit le duc, avec un trouble dont il lui fut impossible d’être le maître. — Si je l’aime grand dieu ! elle est l’unique arbitre de mes jours, elle seule dirige mon sort, elle est ma gloire sur la terre, mon espérance dans un monde meilleur… elle est ma vie… elle est mon âme ; elle est tout, monsieur, tout pour l’infortuné