Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/131

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qui vous parle. — Vous auriez pu le dire avec plus de détours, vous deviez soupçonner qu’elle était aimée de moi, puisque je l’avais vue, et que vos transports n’étaient plus qu’une offense, dont il ne tient qu’à moi de me venger. Faites, monsieur, faites, répondit fermement Raunai, rendez-vous plus odieux que vous ne l’êtes, achevez de susciter pour ennemis à la France tous les individus qui l’habitent, que tout ce qui respire dans cette belle partie de l’Europe devienne la proie des viles passions qui vous subjuguent, que le citoyen ne prononçant votre nom qu’avec horreur, le maudisse à tous les instans du jour, soyez à-la-fois l’épouvante et l’exécration de la patrie, inondez-là par des fleuves de sang, couvrez-là par des champs de carnage ; mais ne vous flattez pas de triompher toujours, les Français trouveront encore un Marcel qui saura poignarder dans le sein de leur maître, les vils flatteurs qui le gouvernent ; craignez si la voix de l’honneur n’est pas éteinte en vous, d’offrir