Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/147

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m’engage à parler que lorsque l’un et l’autre seront hors de ces murs ? Soit, répondit monsieur de Guise, mais il faut avant que je vous entretienne devant eux. — Juliette chez vous… elle… qui me répond ?… dans cette circonstance… des fers à Juliette… la seule idée m’en fait frémir ! — Ai-je besoin de vous pour l’en accabler ? je n’ai qu’un ordre à donner pour en devenir maître. — Oui, vous pouvez tout, homme cruel ; eh bien ! j’obéirai, Juliette sera demain ici, mais si vous abusez de ma confiance, si vous avez l’infamie d’employer ma main pour vous assurer la victime, non-seulement vous n’apprendrez rien de ce que vous desirez savoir, mais nous nous immolerons plutôt tous deux près de vous, que de devenir l’un et l’autre la proie de votre insigne lâcheté. Homme trop favorisé de la fortune, vous ne savez pas ce que le malheur inspire à deux cœurs courageux, ce qu’il suggerre, ce qu’il fait entreprendre ; vous ignorez quelle est l’énergie que le désespoir prête à