Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/149

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il ne m’échappera pas, s’il veut nous trahir.

L’heure est venue… nos deux amans s’embrassent ; ils prennent le ciel à témoin de leur infortune, de leur tendresse… ils l’implorent, ils se jurent de périr ensemble, s’ils sont contraints de céder à la force et se préparent à se rendre chez monsieur de Guise. Juliette aurait bien voulu voir avant le comte de Sancerre, il n’avait point paru chez lui du jour… cette circonstance… celle du bruit entendu dans le jardin… tout cela la troublait, mais elle n’osait témoigner son embarras ; elle sentait le besoin d’inspirer de la confiance à Raunai, et paraissait encore plus courageuse que lui.

Dans le trajet de la maison du comte à celle du ministre, il leur fut impossible de ne pas s’appercevoir que des soldats les suivaient et ne les perdaient point de vue. Ô mon ami, dit Juliette à Raunai, en se précipitant dans ses bras un moment avant que d’entrer, sois sûr que quelques puissent être les