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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/166

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petite Dolsé n’appartint bientôt plus qu’à Ceilcour. Dès que le frippon la sut là, il attaqua promptement la comtesse de Nelmours.

Une femme aussi consommée, aussi remplie d’art et d’orgueil, exigeait des soins d’un autre genre. Ceilcour, dont le dessein d’ailleurs était de les éprouver toutes deux, ne se sentant pas pour celle-ci un penchant aussi décidé que pour l’autre, avait un peu plus de peine à lui parler le langage de l’amour. Ce qui n’est dicté que par l’esprit, peut-il avoir la même chaleur que ce qui n’est inspiré que par l’âme ?

Quelque fût néanmoins la différence des sentimens de Ceilcour pour l’une et l’autre de ces femmes, ce n’était qu’à celle qui résisterait à l’épreuve méditée, qu’il était résolu de se rendre. Nelmours y résisterait-elle ? Eh bien ! elle avait assez de charmes pour le consoler de sa rivale, et dès qu’elle aurait eu plus de sagesse, elle deviendrait bientôt la plus chérie.

Mais que devenez-vous donc, madame, dit un soir Ceilcour à celle-ci ? Je crois