Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/167

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que vous vous avisez de vivre dans la retraite ; il n’était pas autrefois une promenade… pas un spectacle que vous n’embellissiez ; on y volait pour vous y voir ; les quittiez-vous, tout devenait désert… Et pourquoi donc s’isoler ainsi ? Est-ce misanthropie, est-ce arrangement ? — Arrangement, j’aime le mot ; et avec qui, s’il vous plaît, prétendez-vous que je m’arrange ? — Je l’ignore ; mais je connais bien celui qui voudroit s’arranger avec vous. — Ne me le nommez pas, je vous prie ; j’ai tous les arrangemens dans une haine… — Qui n’est pas irréconciliable ? — Mais je crois que vous me prenez pour une coquette ? — Est-ce le nom qui convient à la femme la plus délicieuse dont l’existence puisse se concevoir ? Si cela est, je vous le donne… Et la comtesse jetant sur le duc de Ceilcour des regards tendres, quelle en éloignait aussi-tôt… En vérité, répondit-elle, vous êtes l’homme le plus dangereux que je connaisse ; je m’étais promis cent fois de ne jamais vous voir et… — Eh bien ! est-ce le cœur qui dé-