Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/168

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truit les projets de la raison ? — Non, rien de tout cela ; je conçois des projets sages, et puis mon inconséquence les trouble ; voilà tout ce que c’est ; analysez cela comme bon vous semblera, et sur-tout n’y voyez rien en votre faveur. — En songeant à me le défendre, vous avez donc cru qu’il était possible qu’il y eût là quelque chose pour mon orgueil ? — Ne connais-je pas les gens à prétention comme vous ; la certitude où ils sont de plaire, leur fait toujours croire qu’il est impossible qu’ils n’y réussissent ; les plus légers propos d’une femme leur paraissent des déclarations, un coup-d’œil est une défaite, et leur vanité toujours prête à saisir nos faiblesses, n’y voit jamais que des triomphes. — Oh ! que je suis loin de penser ainsi. — Mais c’est que vous auriez grand tort. — Et comme je ne veux pas m’en souffrir près de vous… — Vous croyez donc que je ne vous les pardonnerais pas ? — Qui sait jusqu’où va votre courroux ?… Je le risquerais pourtant, si j’étais bien sûr du pardon. — Vous mourez d’envie de me faire une