Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/169

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déclaration d’amour. — ; Moi ?… pas un mot ; je serais l’homme le plus gauche si je voulais l’entreprendre… En vous voyant, je connaîtrais bien tout l’empire de ce sentiment dont vous parlez ; il m’animerait auprès de vous, il embrâserait mes sens… quelque envie que j’eusse de m’en défendre… mais s’il fallait vous avouer tout cela, je ne trouverais jamais d’expression, aucune ne peindrait à mon gré ce que vous m’inspireriez si bien, et je serais contraint à brûler sans pouvoir jamais peindre ma flamme. — Eh bien ! ce n’est donc pas là une déclaration ? — Voulez-vous le prendre comme cela… il est inoui alors ce que vous m’épargnerez de peine. — En vérité, monsieur, vous êtes l’homme le plus insupportable que j’aie jamais vu de mes jours. — Eh bien ! mais voyez ce qu’est l’empire de la reconnaissance dans une belle âme… je cherche à vous plaire, et vous m’accablez. — À me plaire ? vous en êtes à cent lieues ; n’est-il pas bien plus naturel de dire tout simplement à une femme si on l’aime ou si on ne l’aime pas, que d’em-