Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/170

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ployer avec elle cet inintelligible jargon par lequel vous cherchez à me prendre ? — Mais à supposer que ce fût-là mon projet, je ne vous tromperais plus dès que je serais deviné. — C’est-à-dire qu’il faut que ce soit moi qui vous dise si vous m’aimez ou non ? — Il faut au moins que vous me laissiez voir si je ne vous affligerais pas trop en osant vous le dire. — Est-ce qu’on s’afflige de ces choses-là ? — Et vous intéresseraient-elles ? — C’est selon. — Vous êtes encourageante. — Ne l’ai-je pas dit, il, faudra que je me mette à ses genoux. — Ou que vous ne vous fâchiez pas de me voir tomber aux vôtres… Et Ceilcour se jetant aux pieds de sa belle maîtresse en disant ces mots, pressait amoureusement les mains de cette femme charmante et les accablait de baisers. Voilà encore une bonne étourderie de ma part, dit Nelmours en se levant… je ne serai pas huit jours à m’en repentir. — Ah ! ne prévoyez pas les malheurs de l’amour avant que d’avoir goûté ses plaisirs. — Non, non, le plus simple est de ne jamais cueillir de