Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/214

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nage saisissant alors une main de celle qu’il éprouve, il la porte sur son cœur. Cruelle, lui dit-il avec transport, quand votre image est gravée là, pour ne s’en effacer jamais, devez-vous supposer qu’une autre puisse y balancer votre empire ? — Allons, n’en parlons plus… mais pour vous promettre deux jours… — J’y compte. — En vérité, ce serait une folie. — Vous la ferez. — Allons donc, votre ascendant sur moi l’emporte, et vous triompherez toujours. — Toujours ? — Oh ! non pas généralement, il y a de certaines bornes que je ne franchirai jamais… et si je croyais que dans tout cela, il y eut le plus petit projet sur ma raison, je vous refuserais très-certainement. — Non, non, on la respectera cette raison sévère… À quelque point que je doive y perdre, les vues que j’ai sur vous s’allieraient-elles avec la séduction ? On trompe une femme qu’on méprise… dont on veut des plaisirs d’un moment pour ne s’en occuper jamais sitôt qu’ils sont goûtés ; mais de quelle différente nature sont les procédés qu’on