Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/225

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

revenait chargé de cinquante plats de l’espèce de celui qu’avait choisi madame de Nelmours. Dès qu’elle avait goûté de ce mets, ou que de la vue seule, la fantaisie lui était passée, elle en choisissait un nouveau, qui paraissait sur-le-champ de la même manière et dans le même nombre, sans qu’il fût possible de comprendre par quel art tout ce qu’elle desirait arrivait avec autant de vîtesse. Elle abandonne le choix indiqué par le livre ; elle demande autre chose, même obéissance, même promptitude.

Oromasis, dit alors la comtesse au génie de l’air, ceci est par trop singulier… je suis chez un magicien, laissez-moi fuir une maison dangereuse où je sens bien que ma raison ni mon cœur ne sauraient être en sûreté. Rien n’est à moi dans tout cela madame, répondit Ceilcour, cette magie s’opère par vos desirs, vous en ignoriez le pouvoir, continuez d’en faire des essais, ils vous réussiront tous.

Aussi-tôt qu’on fut hors de table, Ceilcour proposa à la comtesse une prome-