Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/231

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vers nous pour solliciter votre appui. Oh ! non, dit la comtesse en riant, je n’ai pas assez d’orgueil pour entreprendre une telle aventure… Songez quelle humiliation, si cette petite fille allait être plus jolie que moi… et puis, me trouver perchée à six ou sept cents toises de terre… sans vous… avec un homme que je ne connais pas… qui sera peut-être fort entreprenant… Me répondez-vous des suites ? — Oh ! madame, votre vertu… — Ma vertu ?… et comment voulez-vous, je vous prie, qu’on pense encore aux vertus de ce bas-monde, quand on est aussi près des cieux ? et si ce génie allait vous ressembler, croyez-vous que je pusse m’en défendre ? — Les moyens de vous soustraire à tous dangers vous sont connus, madame ; desirez de voir l’île des Diamans, et je vous ravis aussi-tôt aux mains de cet audacieux. — Qui vous dit qu’il sera temps ; tout cela suppose des heures ; il ne faut que six minutes, et un beau génie pour rendre une maîtresse infidèle… Allons, allons, j’accepte pourtant, continue la