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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/240

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faire. L’heure presse, madame, dit le génie, et nous n’avons pas un moment à perdre, daignez vous étendre sur ce canapé, couvrez-vous y avec vos femmes de ces rideaux de soie qui vous cacheront le danger, et n’ayez sur-tout aucune crainte.

À peine ces mots sont-ils prononcés, à peine la comtesse est-elle enveloppée, qu’un coup de tonnerre affreux se fait entendre, et dans un clin d’œil sans avoir éprouvé d’autre mouvement que celui de se sentir descendre comme par une trappe… tout-à-coup elle se trouve en ouvrant ses rideaux, dans une espèce de trône, placé sur le tillac d’une felouque, voguant sur cette même mer où s’était livré le combat ; elle s’y trouvait au milieu de douze petits vaisseaux, dont les cordages n’étaient formés que par des traits de lumières, les mâts, les ponts, les agrès, la caisse du navire, tout n’offrait que des masses de feu. Les rameurs étaient des jeunes filles de seize ans, faites à peindre, couronnées de roses, et simplement vêtues de panta-